René Corriveau & Fils est fermé

MONTMAGNY – L’entreprise René Corriveau & Fils de Montmagny, spécialisée dans la fabrication et l’importation de meubles d’extérieur est définitivement fermée. La chose a été confirmée vendredi matin, lors d’une entrevue avec son président directeur-général, M. Jacques Giard.

Les équipements de production, outils, meubles et marchandise, ont fait l’objet d’une vente à l’encan les 29 et 30 avril. Bien que cela n’ait été su que récemment, le bâtiment industriel, situé au 270, avenue Corriveau, à Montmagny, était déjà en vente depuis le mois de février.

« Nous avons décidé de liquider nos actifs. L’entreprise depuis plusieurs années n’était pas rentable. Nous avons essayé de redresser les choses tant bien que mal, mais nous avons constaté que c’était inutile. Alors au lieu de tirer de l’argent par les fenêtres, nous étions mieux de récupérer nos valeurs », de dire le président directeur-général.

La décision de liquider s’est prise en accord avec les créanciers. Cela s’est fait à la suite de la constatation que les commandes de ventes de pré-saison ne donnaient pas espoir de redresser la situation financière. Jacques Giard a confirmé qu’il ne s’agit pas d’une faillite.

Après les Fêtes, les démarches en vue d’un redressement ont été faites. « Mais au mois de mars, lorsqu’on a vu qu’il n’y avait pas de possibilité, on a dû se mettre en action pour une fermeture définitive », d’affirmer, celui qui n’a pas du tout l’intention de poursuivre dans le même domaine à Montmagny. Il n’écarte toutefois pas complètement la possibilité de le faire ailleurs.

Contexte difficile

« Ça a été cinq années difficiles ici. Il y avait un contexte familial. Il y avait un contexte d’entreprise », mentionne-t-il. Après l’achat de Corriveau et fils en janvier 2009, le nouveau p. d.-g., avait gardé des liens d’employeur avec la famille Corriveau, entre autres, avec M. François Corriveau, l’ancien propriétaire, qui était vice-président.

En novembre 2011, la direction de l’entreprise l’avise que son contrat n’est pas renouvelé. Deux autres membres de la famille de François Corriveau, qui étaient aussi à l’emploi de Jacques Giard, quittent l’entreprise au début de février 2012.

À ce sujet, de dire M. Giard, « lorsqu’on travaille ensemble et qu’on avironne sur le même bord, ça va mieux. Quand quelqu’un se met à avironner de l’autre côté, ça va moins bien. C’est l’une des raisons pour laquelle on a dû arrêter notre collaboration avec les gens de la famille. »

Peu après qu’il eut été remercié, M. Corriveau constitue, le 19 janvier 2012, l’entreprise « F. Corriveau international », dont il est l’unique actionnaire, administrateur et dirigeant. Cette compagnie est spécialisée dans l’importation et la distribution de meubles d’extérieur.

Le fils de M. Corriveau et sa sœur, qui avaient aussi été à l’emploi de Jacques Giard, démissionnent au début de février 2012 et fondent, avec un autre associé, la compagnie JLG Importations inc., une entreprise d’importation de meubles de patios.
 
En août 2012, Jacques Giard et ses associés font une demande d’émission d’ordonnance d’injonction interlocutoire provisoire, visant à empêcher les activités de ces nouvelles entreprises de les concurrencer, tel que cela avait été stipulé dans la convention de vente et d’achat de Corriveau et fils, en 2009.

Injonction

« C’est là qu’on a vu qu’on se battait non seulement contre le marché, mais contre notre ancien associé qui faisait les choses à sa manière en contournant tant bien que mal les règles et les ententes qu’on avait. Alors, au lieu de toujours se tirailler et de payer des fortunes en avocats, on a préféré faire une entente », de commenter M. Giard. Mentionnons que la demande d’injonction a été rejetée par le juge Jean-Claude Larouche, de la Cour supérieure du Québec, à cause de détails de procédures.

« De toute façon, a-t-il ajouté, ces gens-là ont fait ça toute leur vie [ce genre de commerce]. Alors je ne pouvais pas m’imaginer que du jour au lendemain ils pourraient faire autre chose. Il y a des contextes où on peut faire les choses honorablement. Mais ils ont choisi une voie peut-être différente. » Il a mentionné ne toutefois pas leur en vouloir et a souhaité bonne chance à la nouvelle entreprise Corriveau.

« C’est malheureux pour tout le monde, a-t-il renchéri. « Pour les anciens employés. Pour tous ceux, en fait, qui ont payé le prix de cette mauvaise issue. Mais ça ne sert rien d’entretenir de la haine, ça se tourne toujours contre nous », a-t-il conclu.

Les Corriveau, quant eux, comme l’a mentionné un journaliste de CMA-TV, travaillent dans leur « nouvelle compagnie d’importation de meubles de patio » et « regardent désormais en avant ».

L’entreprise

Corriveau et Fils a été fondée en 1948. En 2009, entre 90 et 100 personnes y travaillaient. La crise interne de l’entreprise a provoqué une décroissance si bien, qu’en décembre 2013, selon un document d’Industrie Canada, il n’y avait plus que 25 employés.

Réaction du maire

Le maire Jean-Guy Desrosiers a déploré cette perte d’une industrie et d’emplois pour Montmagny. « C’est toujours déplorable quand une chose comme ça arrive dans une ville », a-t-il affirmé. Il espère que l’usine « trouvera preneur le plus rapidement possible et que le futur acheteur créera d’autres emplois. »

L’édifice est présentement à vendre au montant de 1,695 M$, soit 450 000 $, en bas du prix de l’évaluation. En 2014, il a rapporté plus de 58 000 $ de taxes à la municipalité.