Destruction du moulin Lavoie : un site qui perd de la valeur

Archiviste et ethnologue aux Archives de la Côte-du-Sud, Pierrette Maurais déplore la destruction du moulin Lavoie de Saint-Pascal réalisée le 2 novembre dernier. Selon elle, c’est tout le site environnant qui vient de perdre de sa valeur avec cette destruction.

Construit en 1781, le moulin Lavoie de Saint-Pascal était assurément un des plus anciens moulins à scie de la Côte-du-Sud, avance Pierrette Maurais. Fonctionnant à l’énergie hydraulique, ce moulin se distinguait notamment parce qu’il était répertorié à l’intérieur du Répertoire du patrimoine culturel du Québec. « Son ancienneté et son site faisaient qu’il se démarquait aussi dans le décor régional », d’ajouter Pierrette Maurais.

Situé en bordure de la route 230, entre Saint-Pascal et Saint-Philippe-de-Néri, le site du moulin Lavoie comprenait également la maison construite en 1870 et quelques dépendances. « Avoir encore tout ce contexte sur un même site, c’est rare que tu retrouves tout ça. Avec la démolition, l’ensemble vient de perdre de sa valeur », déplore-t-elle.

« Avoir encore tout ce contexte sur un même site, c’est rare que tu retrouves tout ça. Avec la démolition, l’ensemble vient de perdre de sa valeur. » – Pierrette Maurais

Selon Radio-Canada, le moulin Lavoie, qui appartenait à la Ville de Saint-Pascal depuis 2009, aurait nécessité des investissements importants pour lui offrir une nouvelle fondation. Pour cela, le moulin devait être soulevé et déplacé pour l’éloigner de la rivière qui passait désormais sous la fondation de bois.

En 10 ans, la Ville aurait bien tenté de trouver des subventions pour restaurer le moulin, ou même d’intéresser des citoyens à former un comité de travail pour se pencher sur son devenir, mais sans succès. Menaçant de s’effondrer à tout moment, le site était donc clôturé pour éviter l’accès au bâtiment. Par résolution, le conseil municipal de Saint-Pascal a voté pour la destruction du bâtiment, non pas de gaieté de cœur peut-on lire.

Peu recensés

Le moulin Lavoie étant assurément un des moulins à scie hydrauliques les plus connus de la Côte-du-Sud, Pierrette Maurais avoue qu’il est difficile d’évaluer aujourd’hui combien d’autres sont toujours debout dans la région. « Il y en a d’autres, c’est sûr, mais ils sont moins bien recensés que les moulins à farine », indique-t-elle.

À ce chapitre, elle rappelle que la région de Kamouraska-L’Islet en compterait au moins huit, appartenant à des municipalités ou des propriétaires privés. Les plus connus sont le moulin banal de la Seigneurie des Aulnaies, celui de Saint-Eugène devenu l’Auberge des Glacis et le moulin Casgrain Lévesque mieux connu sous le nom de moulin de Saint-Pacôme.

Tout comme les moulins à scie, Pierrette Maurais rappelait que les moulins à farine souffrent souvent des mêmes maux : état variable, intérêt limité des communautés, manque d’argent pour leur entretien, nouvelle vocation difficile à trouver, etc. « Que ce soit pour les moulins ou tout autre bâtiment à valeur patrimoniale, à moins d’avoir les moyens financiers pour les restaurer, ces bâtiments sont souvent très difficiles à entretenir. Les subventions sont plus rares et ce sont des projets pas très populaires auprès des gens. Souvent, ils voient ça comme une dépense au lieu de regarder la valeur historique que ça apporte et l’impact économique positif que ça peut avoir, ne serait-ce qu’un d’un point de vue touristique. La conservation de notre patrimoine, c’est un véritable problème de nos jours », conclut-elle.